Jolie rencontre

Voilà un an et demi que zhomme et elle sont ensemble et elle ne connaît qu'une infime partie de ses amis. Bref, aujourd'hui, c'est THE rencontre avec toute la bande. Voilà pas loin de 15 ans qu'ils se connaissent. Aucun besoin de vous dire qu'elle appréhende. Comment va-t-elle s'intégrer dans cette bande de joyeux fêtards tous déjantés? Malgré tout, ce n'est pas encore ce qu'elle redoute le plus. Ils sont tous mariés et ont tous des enfants, de tous les âges (de quelques mois à une dizaine d'années...). Elle se demande bien si elle va pouvoir rester tout le long du repas...

La vue de la poussette quand elle rentre dans la salle l'arrête aussi sec. Mais qu'est-ce qu'elle fiche ici? Elle se reprend, cherche du regard les personnes qu'elle connaît, les rejoint sur le champ, n'accorde aucune attention au bébé. Elle peut le faire! -Il a été parfait, il n'a jamais pleuré!-

Elle fait rapidement connaissance avec tout le monde et se sent finalement tout à fait à l'aise. Elle est tellement rassurée et détendue qu'entre le fromage et le dessert, Elle va parler de ses difficultés à faire un enfant. Comme ça, à de parfaits inconnus, sans rien omettre.

Evidemment, elle a eu droit à la phrase classique "Mais ça va venir!". Elle corrige aussi sec: non, il y a peu de chances... Et là, elle ressent de la compassion. Ces gens ne la connaissent pas mais dès ce moment-ci,  ils seront toujours là pour l'écouter et n'auront plus jamais un mot maladroit.

A partir de ce jour, elle va arrêter d'avoir honte. Elle ne se cachera plus. S'ils ont pu comprendre sans même avoir de lien particulier avec elle, alors n'importe qui est à priori capable de faire de même. Quand on lui demandera à quel moment ils vont se décider à faire un petit, elle racontera son histoire sans baisser la tête et elle ne laissera plus personne la rassurer avec des phrases types. Il faut qu'ils sachent, tous, ce qu'on peut ressentir. Il faut qu'ils arrêtent de penser qu'avoir un bébé c'est facile, qu'il n'y a rien de plus normal pour un couple. Si, par miracle, ils pouvaient en plus se rendre compte de la chance qu'ils ont d'avoir un enfant (normotypique j'entends) et arrêter de se plaindre parce qu'il a fait pipi dans le pot de fleurs, alors elle aura atteint son but. Surtout, elle espère qu'ils auront retenu la leçon et que le jour où ils seront amenés à rencontrer une autre personne ayant des difficultés à concevoir, ils sauront réagir de la bonne manière.

Hé oui, parce qu'en France, avoir des problèmes de procréation, c'est aussi difficile à avouer qu'une séropositivité. Vous connaissez tous les trois lettres VIH. Cependant, combien d'entre-vous connaissaient les lettres PMA? Dans votre entourage, vous avez sûrement plus souvent entendu "untel a le sida" que "ce couple a recours à une FIV".  En France, le sida, c'est 7000 contaminations par an. Les centres de PMA voient eux, défiler 500 000 couples par an. 50 000 n'auront d'autres solutions que la FIV pour avoir un enfant. Vous êtes au courant de l'existence des banques de sperme mais saviez-vous qu'on peut aussi faire des dons d'ovules? Il n'y a pas que les hommes qui n'ont pas de gamètes, certaines femmes n'en produisent pas non plus. La France n'aide vraiment pas les couples à concevoir. Chaque étape est un réel parcours du combattant. N'imaginez pas que vous allez en plus avoir affaire à des personnes compréhensives dans le milieu médical. La plupart du temps, on prend tout juste la peine de vous écouter. Si vous n'avez pas de solides connaissances médicales, vous pouvez toujours rêver pour qu'on vous explique vos résultats et leurs conséquences. On vous balance des conclusions rapides, on vous file des ordonnances, on vous ordonne (c'est le mot), de prendre RDV ici ou là et quand vous revoyez votre gynéco, vous avez intérêt à avoir bien fait vos devoirs!

Ça ne vous aide pas vraiment à vous sentir moins misérable...

Un jour, vous allez pourtant avoir une surprise. Vous allez prendre RDV dans votre cabinet d'échographie habituel. Vous êtes en pleurs. Etant donnée l'ordonnance, la secrétaire comprend vite pourquoi. En plus, elle est au courant pour vos fausses-couches, c'est chez elle que vous avez fait l'échographie de contrôle. D'un coup, elle vous raconte son histoire. Elle aussi, a eu recours à la FIV et pour elle, c'était réellement sa seule chance de concevoir. Ça a fonctionné. Deux fois. Vous l'aimiez déjà beaucoup cette dame, maintenant, vous vous sentez très proches. C'est le seul soutien qu'Elle aura eu dans le milieu médical et à ses yeux, il vaut beaucoup.

Forcément, je vais finir par un petit mot pour tous ceux et celles qui connaissent ce calvaire. On est nombreux, très nombreux, à être dans la même situation. Parlez-en autour de vous, parlez-en à votre médecin traitant. Vous finirez par trouver les réponses et le soutien dont vous avez besoin et souvent, il n'est pas là où vous l'attendez^^

Comments

[Lalia]

Tu pouvais pas savoir, je vous ai jamais rien dit... Ou pas tout...

[Alex]

On se connaît bien et pourtant je n'avais pas compris a quel point cette histoire a boulversé ta vie, je suis aussi touché que Julie par ton récit ...

[Lalia]

Ma belle, je suis ravie que tu n'aies pas eu à connaître ça toi aussi. Comme t'ont dit tes parents, il n'y avait aucune raison^^ La preuve, petit Louis est là.

Je ne sais pas si on sera des parents si merveilleux que tu le dis, mais c'est certain qu'on essaiera. Une chose est sûre, on aimera notre enfant peut-être un peu plus que les autres et on sera peut-être même embêtant à trop le protéger^^.

Et ta petite phrase n'est pas du tout déplacée^^ Elle me touche beaucoup parce que ça veut dire que malgré tout, tu peux encore comprendre.

[Julie]

Me voilà encore les larmes aux yeux à lire ma Lalia.

Je vais te dire quelque chose qui va, à toi, te sembler improbable, peut être même déplacé, mais c'est trop vrai pour que je le taise : je ne me suis jamais sentie aussi proche de toi que depuis que je te lis.

Je suis cette amie ''tombée enceinte comme on change un pneu" (lol) qui t'a faite souffrir et ça me fait mal au ventre de l'imaginer, mais à côté... Jusqu'à mes 25 ans, j'ai pensé que je devrais passer par ce parcours là, j'ai pensé que je devrais moi aussi avoir recours à la PMA... Malgré les mots rassurants de mes parents, pour moi c'était évident que j'aurais à vivre ça, puisque j'étais moi même ce bébé éprouvette.

Ça n'avait pas de sens de penser ça, mais j'en étais sûre.



Voilà pour la première partie inutile.



En second, quand je te lis, je suis touchée, au plus loin dans mon p'tit cœur, parce que ressentir cet amour que tu as pour ce futur enfant, celui qui est déjà tellement vivant dans vos cœurs, c'est juste... Ça me file des frissons.

Je sais que ça ne te changera pas le quotidien actuel, que je dise ca, mais, quand cet enfant sera la, vous serez des parents merveilleux, oui. Et la relation que l'on a, avec des Parents qui ont tellement donné, tellement pris sur eux, tellement galéré, tellement attendu pour nous avoir, elle est exceptionnelle. Elle est incomparable à une autre.